C’est une filière automobile particulièrement inquiète que le président de la République devrait recevoir, lundi 12 juillet, à l’Elysée. Emmanuel Macron est censé faire le point sur la situation du secteur un an après la mise en place du plan de sauvetage de l’été 2020 et surtout dans la perspective des arbitrages du « Green Deal » de la Commission européenne, prévus mercredi 14 juillet. Tout le monde s’attend à des décisions radicales : baisse drastique des émissions de CO2 de l’automobile et interdiction du moteur thermique à horizon 2035.
« Cette accélération va avoir des conséquences dévastatrices, avertit Luc Chatel, président de la Plateforme filière automobile (PFA), l’entité publique qui représente le secteur et ses 400 000 emplois en France. Si on y ajoute la future norme Euro 7 en préparation, qui s’annonce très sévère, et les décisions d’interdiction locales, comme la fin du diesel en 2024 à Paris, on aboutit à l’obligation d’aller très vite vers une solution technologique unique qui est la voiture électrique à batterie. Autrement dit, la Commission tire un trait sur cent ans de savoir-faire européen et choisit à la place une technologie dans laquelle les Chinois ont dix ans d’avance sur nous. »
« La Commission européenne tire un trait sur cent ans de savoir-faire européen et choisit à la place une technologie dans laquelle les Chinois ont dix ans d’avance sur nous », Luc Chatel, président de la Plateforme filière automobile
M. Chatel, avec une délégation de quelques grands patrons et de syndicalistes du secteur, ira donc plaider la cause d’une industrie centenaire prise dans un tourbillon de transformations sans précédent. « Il y a deux scénarios : celui du déclin, avec le risque de voir disparaître 100 000 emplois d’ici à 2035, mais aussi celui du rebond, qui implique un soutien fort de l’Etat que nous estimons à 17,5 milliards sur les quatre prochaines années. »
Pour « réussir l’électrique à batterie », la PFA estime que les pouvoirs publics devraient commencer par accélérer – avec un A majuscule – la mise en place de bornes publiques de recharge rapide. La France n’en comptait, fin mars 2021, que 31 000. « Nous devions être à 100 000 bornes en cette fin d’année, note M. Chatel, et il nous en faudrait 700 000 en 2030. Il y a eu un effort mais on en est encore loin. Il faut un vrai changement de rythme, un plan Marshall à 8,5 milliards d’euros pour les bornes d’ici à 2025. »
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