À quelque chose malheur est bon… ou l’intérêt des gains secondaires

Avez-vous déjà vécu une situation problématique assez improbable et… qui se maintient ? Peut-être êtes-vous alors acteur d’un système où les gains secondaires ont remplacé les gains primaires.

Lors des séances d’intervision que nous proposons pendant les formations en management, nous traitons parfois de situations qui mettent en lumière ce glissement des gains primaires vers des gains secondaires.

Un exemple parmi d’autres : un manager se plaint de ne pas assez rencontrer son supérieur hiérarchique. Trouve-t-il cela  gênant ? Assez en tout cas pour s’en plaindre, puisque cela rend plus difficile la circulation des informations, montantes comme descendantes, que cela ne lui facilite pas l’obtention  des ressources nécessaires au travail de son service, ou encore rend  les entretiens d’évaluation annuels parfois difficiles. Voilà pour les gains primaires qui sont abandonnés ici. Quel est le gain secondaire ? Le même manager nous dira qu’il est très content de son autonomie, de sa liberté d’action.

Dans le cadre de ce billet1, les gains secondaires sont les avantages que nous obtenons à ne pas surmonter un problème. Ils se produisent donc lorsqu’un problème persiste en raison de l’impact avantageux des incitants qui l’accompagnent. Parfois, nous sommes conscients de ces sources de gains secondaires, mais le plus souvent nous ne réalisons pas que ce processus psychologique existe. Nous avons besoin qu’on nous montre la façon dont nous « bénéficions » de notre problème.
Nous avons recours aux gains secondaires pour obtenir un avantage de quelque chose qui autrement pourrait apparaître comme complètement irrationnel. Bien que, objectivement, le gain secondaire ne fasse pas avancer un problème, subjectivement, il peut donner l’impression de le faire, en raison des avantages qui en découlent.

Le gain secondaire est un mécanisme important pour expliquer pourquoi nous pouvons rester coincés dans des comportements dysfonctionnels, pourquoi nous persistons dans notre détresse et ne changeons pas les choses pour un mieux. Ce phénomène, en majeure partie inconscient, nous empêche de nous rendre compte que le coût de ce comportement, c’est-à-dire l’abandon des gains primaires, est en général beaucoup plus grand que les gains secondaires associés.

Vous aussi, quand vous vous êtes un système qui « tourne carré », posez-vous la question : « Quels sont donc les gains secondaires qui font que je maintiens ce système ? ».

Patrick.
Lateral, les activateurs de management juste.
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1Ce billet est inspiré de ma formation « Consulting & Coaching for Change » à l’INSEAD, et de nombreux articles et livres de Manfred Kets de Vries sur le sujet, dont Mindful Leadership Coaching: Journeys into the Interior

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